Projet

Insomnies : réduire la consommation de benzodiazépines chez les plus de 65 ans

Delta Echos #3

Insomnies : réduire la consommation de benzodiazépines chez les plus de 65 ans Insomnies : réduire la consommation de benzodiazépines chez les plus de 65 ans

Le Réseau Delta a lancé en 2023 un projet institutionnel et multimodal intitulé « Déprescription des médicaments type benzodiazépine (BZD) chez la patientèle 65 ans et plus » dans le cadre de l’insomnie. Soutenu par une aide financière de la Commission fédérale pour la qualité, ce projet a l’ambition de réduire de 20 % la prescription totale de benzodiazépines au sein de cette population vulnérable d’ici à 2025. Grâce à son expérience dans le paysage romand de la santé et à ses nombreuses collaborations, le Réseau Delta est le catalyseur idéal pour cette transition médicale importante.

En Suisse, la prévalence de la prise de somnifères de type BZD chez la personne de plus de 65 ans a été estimée entre 10 et 42 %. Il existe néanmoins des disparités intercantonales importantes, les cantons romands enregistrant le plus haut taux de consommation.

La prescription de ce type de somnifères chez la personne d’âge avancé pose des problèmes spécifiques tels que le risque de dépendance pharmacologique, voire de trouble addictif, le ralentissement psychomoteur, les dysfonctionnements cognitifs, la dépression, le risque de chutes et de fractures, l’augmentation de la fréquence des visites aux services d’urgence et des hospitalisations évitables. « Par ailleurs, les somnifères ne sont pas le premier choix de traitement pour les insomnies. En premier lieu, il s’agit d’agir sur l’hygiène du sommeil (se coucher quand le sommeil se manifeste, se réveiller à la même heure, etc.). Malgré tout, les BZD demeurent couramment utilisés, et sur des longues périodes qui peuvent se chiffrer en dizaines d’années pour certains patients, alors que leur prescription n’est pas recommandée au-delà de quatre semaines », explique Minette-Joëlle Zeukeng, Docteure en sciences pharmaceutiques et cheffe de projet au sein du Réseau Delta. Ce phénomène peut notamment s’expliquer par le fait que de nombreux médecins ressentent une forte pression de la part des personnes âgées ayant des troubles du sommeil et/ou de leurs proches pour renouveler la prescription de BZD. « Selon un sondage interne, cela concerne plus de 90 % des médecins du Réseau Delta. L’objectif du projet est donc de mieux contrôler la consommation de somnifères par le bais d’une intervention multimodale qui touche à la fois les médecins prescripteurs et les autres professionnels de la santé, mais aussi les patients, les proches aidants et la population générale », ajoute Minette-Joëlle Zeukeng.

Pour ce faire, des interventions ciblées sont prévues pour chacun des acteurs du système de soins : campagnes de sensibilisation et de communication (brochures, vidéos, etc.), cercles de qualité thématiques, audits de prescriptions médicamenteuses, développements informatiques, etc. « Ces actions ont pour but d’initier un changement comportemental durable chez les professionnels de la santé et les patients. Avec une focalisation sur la sécurité et l’efficacité, tout en plaçant les besoins des patients au centre, l’initiative du Réseau Delta marque un pas significatif vers une prise en charge médicale plus consciente et respectueuse des besoins spécifiques des personnes âgées », conclut Minette-Joëlle Zeukeng.