Publication scientifique

Le système de santé suisse, une machine boulimique ?

Delta Echos #3

Le système de santé suisse, une machine boulimique ? Le système de santé suisse, une machine boulimique ?

Dans cet article de la Revue Médicale Suisse, les auteurs évaluent l’évolution des coûts de la santé en Suisse et interrogent sur la pertinence du système.

Contexte

Lorsque l’on aborde les coûts de la santé, il est généralement question des dépenses liées aux soins médicaux. Bien que l'accès à des soins de qualité soit essentiel pour l’état de santé d’une population, d’autres facteurs tels que l’environnement, les prédispositions génétiques, le niveau d’éducation et le statut socio-économique, jouent un rôle encore plus déterminant. Il est admis que le système de soins ne contribue qu'à hauteur de 10 % de la santé globale d'une population. Pourtant, chaque année, des sommes considérables sont dépensées pour traiter les maladies plutôt que d’investir dans la prévention et la promotion de la santé.

Analyse

Le tableau 1 de l’article compare l’évolution des dépenses dans le secteur du système de santé avec celles de trois autres secteurs essentiels pour la santé : l’environnement, l’alimentation et l’éducation. Il met en évidence que les dépenses dans le domaine des soins étaient déjà les plus élevées en 2000 et ont connu le taux de croissance le plus important au cours des 20 dernières années, en comparaison aux trois autres secteurs analysés.

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Description générée automatiquement

Les auteurs affirment qu’il est ainsi légitime de se demander si l'augmentation des investissements dans les soins entraîne réellement les bénéfices escomptés en termes de santé pour la population. En comparant l'espérance de vie en bonne santé aux dépenses de santé par habitant, il apparaît que davantage de dépenses dans le système de santé ne se traduit pas nécessairement par une meilleure espérance de vie. L’Italie et le Japon par exemple, dépensent environ deux fois moins que la Suisse pour leur système de santé pour une espérance de vie en bonne santé similaire.

Conclusion

On oublie trop souvent que simplement investir dans le système de soins ne garantit pas une population en bonne santé. Il est essentiel de mettre davantage l’accent sur la promotion et le maintien de la santé de la population plutôt que de concentrer les dépenses sur le traitement des maladies.

 

Grandchamp C, Monod S. Système de santé suisse : une machine boulimique. Rev Med Suisse 2024 ; 20 : 666-71.