Face à la décision de Migros de retirer le Nutri-Score de ses produits, près de 350 professionnels de la santé, majoritairement genevois, ont signé une lettre ouverte appelant à la réintroduction
de cet outil d'information nutritionnelle. Son abandon suscite des inquiétudes quant à la transparence et à la santé publique.
En mai 2024, l’annonce par Migros de la suppression du Nutri-Score sur ses produits a provoqué une onde de choc parmi les professionnel·le·s de la santé. Ce retrait a été perçu comme un recul préoccupant en matière de santé publique, alors que les maladies chroniques liées à l’alimentation sont en forte augmentation en Suisse.
En réponse, une lettre ouverte a été rendue publique le 18 mars 2025, appelant au maintien du Nutri-Score. Elle a recueilli plus de 350 signatures, parmi lesquelles celles de professionnel·le·s de santé, ainsi que d’associations telles que l’Association des médecins du canton de Genève (AMGe), la Fédération Romande des Consommateurs (FRC), l’Association des étudiant·e·s en médecine de Genève (AEMG), l’Alliance Santé Planétaire (ASP) et les Engagés pour la santé. Le texte a également reçu une large couverture médiatique.
Dans la foulée, le 21 mars 2025, le député Jean-Marc Guinchard a déposé une motion urgente au Grand Conseil de Genève, réclamant l’introduction obligatoire du Nutri-Score dans les commerces du canton afin de protéger la santé publique. Cette motion a été acceptée, et le Conseil d’État devra s’y positionner dans un délai de six mois.
Une mobilisation qui s’étend à l’échelle fédérale
Dans la continuité de cette mobilisation, une pétition nationale a été lancée. Elle s’adresse à Madame la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, à Madame Anne Lévy, directrice de l’OFSP, ainsi qu’au Parlement, afin de rendre obligatoire l’affichage du Nutri-Score dans tous les rayons alimentaires suisses.
Pourquoi faut-il agir maintenant ?
Selon le dernier recensement de 2022, 43 % de la population suisse est en surpoids ou en obésité, une proportion qui ne cesse de croître. D’ici 2050, 60 % des adultes et 30 % des enfants pourraient être concernés. Cette évolution est directement liée à une alimentation déséquilibrée, trop riche en sucres, en graisses et en sel.
Les conséquences sont bien connues : obésité, diabète de type 2, maladies cardio-vasculaires, hypertension, dépression, arthrose et certains cancers. Ces maladies chroniques génèrent une souffrance personnelle importante, mais aussi un coût massif pour le système de soins et une empreinte écologique préoccupante.
Le Nutri-Score : un outil validé, simple et efficace
Le Nutri-Score a été conçu pour aider les consommateur·ice·s à faire des choix alimentaires plus sains. En classant les produits du vert (A) au rouge (E), il permet de comparer en un coup d’œil les qualités nutritionnelles au sein d’une même catégorie d’aliments. Il encourage également les fabricants à reformuler leurs produits.
Ce logo nutritionnel est l’un des outils les plus étudiés scientifiquement à ce jour, reconnu pour son efficacité en matière de prévention. Déjà adopté par sept pays européens (France, Belgique, Allemagne, Luxembourg, Espagne, Pays-Bas et Suisse à titre volontaire), il fait l’objet de mises à jour régulières fondées sur les dernières données en nutrition.
Selon une analyse de l’OCDE, l’introduction du Nutri-Score à l’échelle européenne pourrait permettre de réduire de 2 millions le nombre de personnes atteintes de maladies chroniques d’ici 2050.
Une urgence de santé publique
Face à l’explosion des maladies liées à l’alimentation, la Suisse ne peut se permettre de reculer. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a un rôle essentiel à jouer pour donner aux citoyen·ne·s des repères clairs et fondés scientifiquement. Le Nutri-Score est un outil de santé publique accessible, reconnu et efficace.
L’objectif de cette pétition est simple : faire de l’affichage du Nutri-Score une norme obligatoire en Suisse, dans tous les commerces alimentaires. Il s’agit d’un levier concret et peu coûteux pour améliorer durablement la santé de la population et réduire les inégalités.