Alors que les médecins de premier recours font face à des réductions de revenus et une reconnaissance de plus en plus insuffisante, le Réseau Delta a interpellé le Conseil d'Etat en le questionnant sur la valorisation des médecins pour leur activité le soir et le week-end, la possibilité de proposer un point différencié et le soutien des MPR pour l'enseignement en cabinet. Consultez les détails et les positions du Réseau Delta pour un soutien concret aux médecins de premier recours.
Le Réseau Delta s'engage activement dans la défense de la médecine de premier recours, une composante indispensable de notre système de santé, confrontée à des défis croissants en raison de récentes décisions affectant directement le quotidien des praticiens. Dans ce contexte, nous souhaitons porter à votre attention une réponse du Conseil d’État genevois suite à plusieurs questions écrites urgentes relayées pour le Réseau par la Dre Jacklean Kalibala le 27 septembre 2024.
Ces questions abordent les conséquences de l'annulation de la "taxe F" et de la diminution de la valeur du point tarifaire sur les revenus des médecins de premier recours (MPR), leur reconnaissance, et le risque d'une baisse d’attractivité de cette spécialité essentielle pour notre société. Voici un résumé des questions posées par la Dre Kalibala, qui reflètent des préoccupations largement partagées par les professionnels de la santé et leurs représentants :
Questions posées au Conseil d'État
1. Depuis que le Tribunal fédéral a annulé la « taxe F », le travail médical effectué après 19h et durant les week-ends n’est plus valorisé financièrement. Comment envisagez-vous de maintenir la motivation des professionnels à assumer ces fonctions indispensables, qui répondent aux besoins de la population et contribuent à alléger la pression sur les centres d’urgences des HUG, déjà fortement saturés ?
2. Comment compenser les centres d’urgences qui ne peuvent plus fonctionner sans cette taxe ?
3. Pour maintenir la motivation nécessaire des MPR et encourager les jeunes médecins à se tourner vers la médecine de premier recours, quelles mesures le canton pourrait-il proposer pour améliorer leur situation financière ? La mise en place d’un point tarifaire différencié constituerait-elle une solution envisageable ?
4. Le nouveau projet « mention MPR-MF » du Centre de médecine de premier recours, qui vise à valoriser la médecine de premier recours auprès des étudiants en médecine, propose un accompagnement personnalisé par un MPR en cabinet. Sachant que la baisse de revenus aura un impact sur le temps à disposition pour l’enseignement en cabinet, comment prévoyez-vous de soutenir les MPR afin de maintenir l’ensemble de l’offre d’enseignement en cabinet ?
Le Conseil d'État a pris position sur chacune de ces questions. Vous pouvez consulter ses réponses détaillées en cliquant ici.
Réaction du Réseau Delta
Les réponses apportées par le Conseil d'État montrent une certaine prise de conscience des difficultés rencontrées par les MPR, mais elles laissent subsister plusieurs incertitudes, notamment en matière de soutien financier et de valorisation des tâches effectuées en dehors des horaires conventionnels. Bien que l’initiative de recentrer le système de santé genevois autour de la prévention et de renforcer les soins de première ligne soit encourageante, un écart persistant entre les discours d’intention et les actions concrètes génère un sentiment d'injustice et de démotivation chez les MPR.
Par ailleurs, l’annulation de la "taxe F" et la baisse du point tarifaire ajoutent aux difficultés des MPR en réduisant encore leurs revenus, sans réelle compensation pour le travail effectué en dehors des horaires habituels. Le différentiel de rémunération entre les spécialistes et les MPR reste également sans solution concrète, malgré son impact sur l’équité et l'attractivité de cette discipline. Ce déséquilibre, combiné à l'absence de reconnaissance des conditions de travail spécifiques, menace directement la qualité et la durabilité des soins.
Alors que des réformes fédérales (comme TARDOC et EFAS) sont en préparation, leurs effets risquent de mettre du temps à se concrétiser, ce qui rend crucial l'adoption immédiate de mesures transitoires pour soutenir les MPR. Pour éviter une érosion continue de la motivation et pour encourager la relève, le Réseau Delta appelle les décideurs politiques à aller au-delà des discours et à apporter un soutien tangible aux MPR. Il est indispensable de créer des conditions de travail qui non seulement reconnaissent leur contribution cruciale, mais attirent aussi les nouvelles générations vers cette spécialité essentielle.