Yannis Papadaniel et Dr. Philippe Schaller examinent les effets désastreux de cette mesure et mettent en lumière des aspects souvent ignorés du débat. Découvrez pourquoi cette approche
pourrait être plus risquée qu'elle ne le semble.
La récente proposition du Conseil des États d'augmenter la franchise ordinaire en Suisse suscite de vives inquiétudes, notamment quant à ses répercussions sur les populations les plus vulnérables. Dans un article publié dans Le Temps, Yannis Papadaniel (HETSL - Haute école de travail social et de la santé Lausanne) et Dr. Philippe Schaller du Réseau Delta mettent en lumière les effets potentiellement désastreux de cette mesure, présentée comme une solution pour freiner la hausse des coûts de la santé.
Renoncer aux soins : un risque accru
Une hausse de la franchise, telle que proposée, pourrait précariser les plus vulnérables et inciter au renoncement aux soins. Entre 2010 et 2024, le taux de renoncement aux soins en Suisse a doublé, un phénomène qui pourrait s'aggraver avec l'augmentation des franchises. Les personnes choisissant une franchise élevée ne tiennent souvent pas compte des économies dont elles disposent pour faire face à des imprévus, privilégiant simplement la réduction de leur prime mensuelle. Ce "choix" devient alors un pari contraint sur leur santé, risquant de compromettre leur bien-être à long terme.
Démystifier le mythe des "consommateurs compulsifs de soins"
Il est important de noter que les Suisses consultent en moyenne 4 fois par an, bien moins que la moyenne de 7 consultations observée dans les pays de l'OCDE. L'augmentation de la franchise ne fait qu'accentuer les inégalités d'accès aux soins, sans résoudre les problèmes sous-jacents liés à notre système de santé.
Appel à des réformes structurelles, pas à des pénalisations
Les auteurs plaident pour une réforme des soins de premier recours et un modèle de rémunération mieux adapté aux besoins des patients. Il est essentiel de privilégier la prévention et l'accompagnement, plutôt que de transférer la charge financière sur les patients. Les récentes propositions de changement, loin d'alléger la pression financière sur les assurés, risquent de transférer la responsabilité de la santé à ceux qui en ont le plus besoin.
Le Réseau Delta appelle à une réflexion approfondie sur les implications de l'augmentation de la franchise et sur la manière dont nous pouvons garantir un accès équitable aux soins pour tous. En l'absence de réformes significatives, les plus fragiles pourraient souffrir les conséquences d'une politique de santé qui privilégie les économies à court terme au détriment de la santé à long terme.
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