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LES MODÈLES ALTERNATIFS D’ASSURANCE (MAA) RENCONTRENT TOUJOURS PLUS DE SUCCÈS … MAIS AU DÉTRIMENT DU MODÈLE MÉDECINS DE FAMILLE !

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LES MODÈLES ALTERNATIFS D’ASSURANCE (MAA) RENCONTRENT TOUJOURS PLUS DE SUCCÈS … MAIS AU DÉTRIMENT DU MODÈLE MÉDECINS DE FAMILLE ! LES MODÈLES ALTERNATIFS D’ASSURANCE (MAA) RENCONTRENT TOUJOURS PLUS DE SUCCÈS … MAIS AU DÉTRIMENT DU MODÈLE MÉDECINS DE FAMILLE !

Vous vous demandez pourquoi les modèles alternatifs d'assurance rencontrent un succès croissant en Suisse? Comment ces modèles peuvent-ils mieux coordonner la prise en charge des assurés dans un système de soins complexe? Quels sont les avantages et les inconvénients de ces alternatives? Vous vous demandez comment le Réseau Delta va se distinguer des autres modèles alternatifs?

Les modèles alternatifs représentent tous les produits d’assurances qui limitent le libre choix de l’assuré.e.s. Depuis plusieurs années, ils rencontrent un succès constant en Suisse. Aujourd’hui, plus de 70% des assuré.e.s ont opté pour de tels produits.

Dans ces modèles, nous pouvons retrouver classiquement le modèle médecin de famille/HMO, qui oblige le patient à contacter son médecin traitant avant d’aller voir un spécialiste (principe du gatekeeping). Dans ce modèle, le rôle du médecin traitant dans le système de santé sort renforcé, car ce dernier centralise l’information nécessaire à la bonne coordination entre les différents prestataires. La qualité de la prise en charge est de ce fait améliorée. Le modèle Réseau Delta est l’un de ceux-là. Comme vous le savez, le Réseau propose également de la formation aux médecins (CQ), différents outils pour leur pratique ainsi que des actions de prévention pour les assuré.e.s. Il se différencie de ce point de vue des autres modèles médecin de famille comme celui d’Assura par exemple.

Depuis quelques années, d’autres modèles alternatifs ont vu le jour, qui tentent de mieux « contrôler » le parcours du patient, souvent en mettant de côté le rôle central de coordinateur éclairé du médecin traitant. Par exemple, en proposant une autre forme de gatekeeping via une plateforme de télémédecine (parfois à l’étranger) ou une pharmacie, bientôt en aiguillant l’assuré.e vers des spécialistes triés sur le volet, sans prendre en compte les avis des médecins traitants. Ces nouveaux produits d’assurances ont pour la première fois dépassé l’historique modèle médecin de famille en 2023. Sur le terrain, ils peuvent (peut-être) être efficaces et permettre (peut-être) de faire des économies pour certaines catégories de la population, en général des assuré.e.s plutôt jeunes et en relative bonne santé. Par contre, ils répondent encore très mal aux besoins des cas les plus lourds qui nécessitent une attention particulière et une coordination exemplaire. Des cas qui représentent 20% des assuré.e.s et plus de 80% des coûts de la santé.

Il faut être conscient que le choix d’un.e assuré.e à opter pour un modèle ou un autre n’est pas une décision réfléchie en fonction de ses besoins en termes de santé, mais plutôt par l’attrait à pouvoir bénéficier de produits d’assurance simplement moins chers. Ceci parfois par choix, mais de plus en plus souvent, malheureusement, par obligation. Rappelons qu’à Genève par exemple, plus de 40% de la population bénéficie de subsides d’assurance-maladie. En conséquence, beaucoup d’assuré.e.s optent aujourd’hui pour un modèle alternatif qui ne répond pas à ses besoins au risque de fragiliser sa prise en charge !

En conclusion, les modèles alternatifs d’assurance sont devenus aujourd’hui les produits les plus sollicités par la population. Ils visent à mieux contrôler le parcours du patient dans un système de soins de plus en plus complexe. Si les modèles alternatifs de dernière génération (télémédecine, pharmacie…) peuvent répondre à un certain intérêt pour les patients jeunes et en relative bonne santé (encore à prouver !), les modèles médecins de famille, qui renforcent le rôle central du médecin traitant, restent à ce jour les mieux armé pour prendre en charge les patientes chroniques et/ou complexes, responsable de 80% des coûts de la santé. Idéalement, chaque assuré.e devrait pouvoir faire un choix éclairé en fonction de ses besoins, malheureusement, leur décision est le plus souvent guidée par le poids des primes qui pèse sur leur budget.

Le Réseau Delta doit continuer de défendre un système de santé dans lequel chaque assuré puisse bénéficier des soins qui concordent avec ses besoins en proposant des outils pour faciliter par exemple l’accessibilité au système à une certaine catégorie de la population. Toutefois, il doit parallèlement soutenir et renforcer la place du médecin de famille en lui fournissant les moyens d’améliorer sa pratique et la santé de ses patients, en particulier les plus complexes.

En complément retrouvez l’intégralité de l’enquête fmc/OFSP 2022 ici