Invité

Interview de la Dre Jacklean Kalibala

Delta Echos #2

Interview de la Dre Jacklean Kalibala

Entretien avec la Dre Jacklean Kalibala, spécialiste en médecine interne générale et députée PS au Grand Conseil genevois.

Selon vous, quels sont les principaux défis auxquels la médecine de premier recours doit faire face ?

J’en citerais trois : le manque de médecins de premier recours, l’augmentation des tâches administratives et de coordination requises en dehors du temps passé avec les patients et la hausse du niveau de complexité de la prise en charge médicale. Ce dernier aspect est en lien direct avec les progrès techniques en médecine. C’est un fait dont nous ne pouvons que nous réjouir, mais qui suppose aussi un investissement constant dans la formation continue, là encore en marge des consultations elles-mêmes.

Quels sont les enjeux liés à la prise en charge des patients complexes ?

Elle implique par définition l’intervention de plusieurs professionnels de santé, en raison des pathologies présentes, mais également de l’approche bio-médico-sociale souvent indispensable pour le suivi de ces patients. Or la multiplication des acteurs de santé et le suivi en médecine de ville après les éventuelles hospitalisations se heurtent au manque d’outils pour partager en temps réel les données de santé. La situation actuelle expose à la perte d’informations et de temps pour une prise en charge médicale efficiente de ces personnes.

En quoi les réseaux de soins peuvent-ils améliorer leur prise en charge ?

En rassemblant différents professionnels de santé, les réseaux de soins facilitent les collaborations, ce qui présente un avantage pour le suivi des patients comme pour certaines tâches de coordination. L’accès facilité à ces pairs permet aussi d’échanger autour des situations complexes. Je suis par ailleurs convaincue que plus on se connaît – ce que favorisent les réseaux de soins – mieux on travaille ensemble.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle de la politique de santé à Genève ?

L’un des problèmes majeurs concerne le manque criant de médecins généralistes. Ils ne représentent que 21 % des médecins dans le canton, alors que la moyenne nationale se situe aux alentours de 28 %. L’État doit absolument s’investir pour assumer ses missions de coordination et de planification sanitaire au sens large, et pas uniquement au niveau des institutions de santé publique. L’un des enjeux majeurs aujourd’hui est que l’accès aux soins soit garanti à toutes et tous.